[ENQUÊTE #7] À la rencontre de Precious Plastic et sa communauté

Article, Communiqué

Date de publication : 12 avril 2022
Equipe Enquête #7 : Romane Cadars, Andréane Valot, Matthieu Broudic, Quentin Mateus, Julien Lemaistre
Lieux : Concarneau, Morlaix, Saint-Brieuc et Rennes, Bretagne ; La Chapelle sur Erdre, Nantes et La Verrie, Pays de la Loire

Et si demain notre société était plus low-tech, à quoi ressembleraient nos organisations dans ce monde plus respectueux des humains et de la Planète ? C’est pour répondre à cette question que le Low-tech Lab a lancé - grâce au soutien de l’ADEME et de la Région Bretagne - une série d’enquêtes de terrain auprès d’initiatives françaises qui incarnent et diffusent localement une démarche low-tech.

La septième enquête du Low-tech Lab est aujourd’hui rendue publique. Nous nous intéressons à la thématique des déchets, en particulier plastiques. Nous rencontrons la communauté bretonne et française Precious Plastic, qui pose la question du devenir de ces déchets, et incarne la perspective de les (re)considérer comme des ressources. Une matière première précieuse, au service et à la base d’un nouveau type d’artisanat, libre, utile et local — low-tech ?

À découvrir ci-dessous :

  • Une vidéo de 15 minutes présentant l’histoire et le fonctionnement de Precious Plastic en tant que communauté d’acteurs engagés, et rapportant les témoignages de plusieurs membres de cette filière émergente en France : leurs machines, leurs modèles, leurs enjeux,
  • Un podcast, entretien long et ouvert avec Yann Chauvin, membre de l’équipe-cœur de Precious Plastic depuis plusieurs années, avec qui nous revenons sur les tenants et les aboutissants du projet dans sa globalité,
  • Un article détaillé ci-dessous, de Romane Cadars, contributrice majeure au projet des Enquêtes du Low-tech Lab et coordinatrice de cette 7ème enquête, reprenant à la fois la vision et les modalités d’action de Precious Plastic (autrement dit le pourquoi et le comment de ce mouvement emblématique de l’open source-hardware), et présentant l’organisation des structures émergeantes au sein de la communauté française Precious Plastic.
  • Un album photo en ligne illustrant cette enquête dans tout le grand ouest de la France (Finistère, Côtes d’Armor, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Vendée).

À paraître :

  • Une étude de cas rédigée et ses annexes, détaillant le parcours, la philosophie et le modèle socio-économique de l’équipe cœur de Precious Plastic d’un côté, et d’acteurs émergeant de cette filière artisanale de recyclage du plastique de l’autre.

La vidéo #


Le podcast #


L’article #

L’OPEN SOURCE COMME MOTEUR DE L’ÉMERGENCE DE FILIERES DE RECYCLAGE (LOW-TECH ?) #

Par Romane Cadars, coordinatrice de l’enquête auprès de la communauté Precious Plastic

Cela fait plusieurs années que nous suivons, de loin, l’initiative Precious Plastic lancée par Dave Hakkens. À l’époque, si nous avions dû définir Precious Plastic en une phrase, cela aurait probablement été : un ensemble de petites machines low-tech et open source permettant de vulgariser les différentes étapes de recyclage des déchets plastiques. Mais aujourd’hui ? on voit presque plus ça comme un écosystème vaste et cohérent de contenus et d’outils en ligne particulièrement puissants, au service d’une communauté apprenante autour du recyclage du plastique. Autrement dit le pari fou de miser sur la force du réseau, l’entraide, le partage de connaissance, la valeur ajoutée de l’artisanat, et l’émergence de petites structures partout dans le monde, pour changer profondément de rapport à la matière plastique, et participer à relever ce grand défi qui nous incombe !

Préambule : “Precious Plastic V4” ?

Revenons dans un premier temps sur les dernières grandes étapes qui ont rendu cette évolution possible : dès 2019, les échos du développement de la V4 de Precious Plastic nous incitent à nous pencher d’un peu plus près sur le projet. Quelques précisions : la “V4” — pour “Version 4” — est la quatrième phase de “recherche et développement” du mouvement Precious Plastic.

En effet, grâce à un prix de 300 000 euros de la Fondation FAMAE et à un hangar désaffecté mis à disposition par le ville de Eindhoven, l’équipe Precious Plastic a choisi un mode de construction atypique : pendant 15 mois, ont été rassemblé·es dans cet atelier aux Pays-Bas jusqu’à une cinquantaine de volontaires (en cumulé plus d’une centaine de personnes), aux profils variés (ingénieur, web designer et développeur, communicant, vidéaste, technicien, designer, chef de projet, cuisinier, développement de communauté…), et venues du monde entier (une trentaine de nationalités !), à qui Precious Plastic a fourni le gîte (dans un quartier résidentiel vidé en prévision de sa destruction), le couvert (alimentation végétarienne préparée par l’équipe elle-même à partir d’invendus et de dons alimentaires de producteurs-revendeurs locaux), mais aussi les ressources et le matériel nécessaires, afin qu’ils oeuvrent ensemble à cette nouvelle version. Chacun et chacune des participant·es à cette aventure humaine un peu folle avait ainsi l’ensemble de ses besoins essentiels pris en charge par le collectif, et pouvait librement et gratuitement contribuer au projet — lui-même d’intérêt général et à but non lucratif.

Les objectifs fixés pour cette V4 ? sur le papier : permettre à la communauté Precious Plastic naissante de se professionnaliser et de s’attaquer sérieusement aux gisements de déchets plastiques, sur le plan technique : dépasser l’échelle du démonstrateur pédagogique pour aller vers de nouvelles machines capables de recycler le plastique à l’échelle de petites activités artisanales, et sur le plan numérique : développer une plateforme en ligne capable de soutenir la structuration d’un tel réseau d’acteurs, qui restait encore à faire émerger et à accompagner.

Résultats à la fin de cette phase de R&D collective : début 2020 l’ensemble de la V4 de Precious Plastic était rendu public à l’occasion de la Dutch Design Week, et avait dès lors permis à un collectif engagé et soudé de se constituer autour d’outils libres et de machines professionnelles documentées en open-source, le tout pour un coût de développement record (comparé aux programmes de R&D plus classiques, et considérant l’ampleur et la qualité des productions).

Tout cela nous a convaincu de partir à la rencontre des individus qui ont contribué à ce développement, et des projets qui ont pu émerger, se structurer ou se renforcer depuis cette période de création collective. C’est ce que nous avons fait dans le cadre de cette septième enquête du Low-tech Lab, en septembre 2021 soit un peu plus d’un an et demi après la sortie de la V4. Pour limiter dans une certaine mesure le périmètre de notre étude et en même temps ne pas passer à côté de la dimension importante de “filière” ou “communauté” du projet, nous avons décidé à la fois de nous intéresser à la réflexion et aux activités plus globales de l’équipe cœur de Precious Plastic, et de nous immerger pendant plus de deux semaines au plus près de différents membres de la communauté Precious Plastic du Grand Ouest de la France.

Retour en 3 points sur les leçons tirées de cette expérience :

1 - LE PROJET PRECIOUS PLASTIC #

1.1 Retour aux origines

Precious plastic est d’abord né d’une envie d’agir face à un constat mondial ; il y a bien trop de plastique sur terre et nous le laissons polluer notre environnement. Le plastique est “durable” (dans le temps) et offre une multiplicité d’usages que ne permettaient pas les matériaux qui ont précédé son développement (hermétisme, souplesse, dureté, modelage, légèreté…). Ce sont ces propriétés qui l’ont amené à pénétrer toutes les industries (automobile, conditionnement, bâtiment…) avec une rapidité fulgurante (depuis 1950 se sont 9 ,2 milliards de tonnes qui ont été mises en circulation).

L’ADEME estime que plus des deux tiers des gisements théoriques de déchets plastiques ne sont pas exploités vers du recyclage. Pour l’instant la matière plastique entre dans un système de gestion linéaire ; le plastique est extrait, transformé, consommé et utilisé puis jeté. En fin de chaîne, il est majoritairement enfoui ou valorisé énergétiquement, c’est-à-dire, incinéré. Une infime partie est recyclée (seulement 21,3% en France et 30% en Europe) et parfois réinjectée dans l’industrie conventionnelle (les producteurs de plastique européens sont dans l’obligation d’incorporer 30% de plastique recyclé dans les emballages d’ici à 2030, le reste étant, pour la création de chaque nouvel emballage, du plastique vierge).

Plusieurs facteurs sont un frein à l’établissement d’une filière de recyclage significative.

D’abord parce que l’organisation d’une telle filière commence par l’identification et la caractérisation des gisements potentiellement exploitables. Or, il existe une grande quantité de “plastiques” différents (un même produit contient souvent plusieurs résines et matériaux différents) qui nécessitent, pour chacun, un procédé de recyclage propre. Par ailleurs, il est parfois difficile de les identifier (pictos d’identification parfois non apparent, peu de transparence sur les recettes et mélanges opérés par les industriels…). Les flux de déchets plastiques sont également mal connus. Les industriels de la filière de recyclage sont épars à l’échelle du territoire, sont souvent spécialisés sur une résine particulière et en somme représentent une faible capacité de traitement — en tout cas dans les seuils de rentabilité intéressants ou acceptés aujourd’hui. De plus, ce sont souvent les chutes de production qui sont recyclées, et peu les produits en fin de consommation (déchets dits ”ménagers”), car justement leur composition et leur état de dégradation, leur propreté sont bien mieux maîtrisés, et assurés. Enfin, il est de mise de rappeler pour comprendre les faibles efforts mis sur la filière du recyclage, que le plastique ne se recycle pas réellement mais se “décycle” plutôt, car à chaque transformation, la matière perd en qualité, il est donc impossible de retrouver les propriétés de l’objet initial que l’on cherche à recycler et ainsi les voies de recyclage sont souvent peu rentables. L’exportation de nos déchets plastiques reste ainsi majoritaire (la Chine, ex-premier importateur de déchets, ayant fermé ses frontières à ce type d’importations en 2018, les flux ont depuis été bouleversés, au détriment par exemple de la Turquie).

Tout ceci ne veut pas dire que le plastique recyclé ne peut pas être utilisé à bon escient, pour des applications parmi les plus essentielles et durables (dans le temps) possibles, pour lesquelles le choix du plastique recyclé plutôt qu’un autre matériau se justifie, et qui permet de “stocker” cette matière polluante plutôt que de la laisser intoxiquer nos milieux de vie (eau, air, sols, etc).

“Aujourd’hui, rien qu’avec tous les déchets plastiques présents sur terre, nous aurions plus de 50 ans de matière à disposition.”

Les usages de cette matière broyée et refondue sont donc à repenser pour permettre à une filière de se structurer. La question se pose alors de savoir quel modèle de filière il serait souhaitable de voir émerger ?

1.2 Le “plastique précieux”, vision d’une filière décentralisée

Pour Precious Plastic, il s’agit surtout de “changer le regard que l’on a sur le plastique”, reconnaître ses atouts et sa durabilité, tout en proposant un usage cohérent de la matière et de nouvelles manières de la travailler ; plus artisanales, plus locales. Il s’agit de considérer le plastique comme une ressource précieuse, non plus comme un simple déchet, et d’en permettre la réutilisation au plus proche du déchet. Ceci revient à (re)penser la circularité du circuit de la matière plastique, ainsi que son échelle, et in fine à repenser aussi la pertinence dans les usages.

On retrouve ici les fondamentaux de la démarche low-tech : pourquoi on utilise cette matière, rationaliser, raisonner son usage, revenir à une forme de sobriété et de bon sens quant aux besoins auxquels elle permet de répondre (la question de l’utilité), comment en favoriser un emploi et un processus de revalorisation les plus robustes et économes (la question de la durabilité), et comment rendre ces pratiques possibles partout et à petite échelle (la question de l’accessibilité).

“Le recyclage n’est pas vu comme une fin en soi. Precious Plastic ne mesure pas son impact par les volumes de matières qui seraient recyclées, mais par le changement de regard qu’ils souhaitent voir venir quant à notre relation au plastique.”

Par quels moyent ?

D’abord en donnant de la valeur aux objets produits, une valeur affective au-delà de la valeur d’usage et de la valeur marchande, par exemple au travers de la marque du travail humain qui se cache derrière chaque objet, du lien qu’il crée ou que l’usager·e peut avoir avec l’artisan·e qui l’a produit. Ce n’est peut-être pas non plus un hasard si Precious Plastic est un projet pensé par un et des designers : il incarne à différents niveaux (des machines d’abord, des produits recyclés ensuite, et même de la plateforme en ligne aujourd’hui) la valeur ajoutée de la pratique d’un design non plus au service du marketing, de la création et de l’assouvissement de nouveaux besoins, mais du “monde réel” comme le qualifiait Victor Papanek. À savoir penser le design et l’usage des objets de façon située, contextualisée, en visant le juste nécessaire, l’utilité sociale et le respect des ressources ou des milieux. Les acteurs de la communauté Precious Plastic œuvrent ainsi pour la plupart à créer des objets en plastique recyclés tels que des pièces de mobilier, des produits du bâtiment ou des éléments d’aménagement intérieur ou de décoration, des lunettes de Soleil, des objets du quotidien, ou encore des planches de skate, des œuvres d’art, etc.
Sélection d’objets “utiles” sur le Bazar, pour exemples, illustrations, références

Ensuite, en catalysant des dynamiques collectives par la création d’écosystèmes connectés de recyclage à petite échelle. C’est-à-dire en outillant une communauté d’acteurs engagés avec qui sont partagés contenus, tutoriels, outils de communication et de développement commercial. Cette communauté apprenante monte en compétence ensemble sur la matière, ses usages, ses contraintes, ses possibilités et est accessible en open-source afin de diffuser le plus largement possible ces savoirs.
Enfin, leur vision se matérialise à travers une nouvelle filière de collecte et de transformation du plastique. Une filière décentralisée, internationale, interconnectée et coopérative, de recyclage du plastique. Precious Plastics imagine le développement d’écosystèmes territoriaux qui rassembleraient les différents maillons de cette chaîne; des acteurs de collecte, du tri, du broyage, et des ateliers de recyclage créant chacun une pluralité d’objets à partir des gisements de déchets identifiés localement (ramassage, rebuts d’entreprises, etc). Chaque personne peut déployer à petite échelle des antennes, des maillons de cette chaîne pour couvrir in fine l’ensemble de nos territoires.

pp-local-network
Vision théorique de la filière locale de recyclage du plastique "à la Precious Plastic"

1.3 Un modèle de Recherche & Développement collectif et contributif

L’internationalisation du mouvement et la vision d’une filière décentralisée a certainement émergé grâce à ce qui fait l’ADN du mouvement Precious Plastic : la communauté. En fin de cursus de formation en Design, Dave Hakkens met au point une première version des machines pour expérimenter sur les possibilités de créations. Il est rejoint au fil des ans dans ses recherches par de nombreuses personnes qui prennent part aux réflexions (sur les machines, les produits, les mélanges, les connaissances en plasturgie…) et commencent ensemble à documenter leurs apprentissages. C’est ainsi que la démarche open-source de Precious Plastic va se structurer. Inspirés, des ateliers autonomes se lancent à travers le monde et partagent leurs avancées au sein de la communauté d’entraide PP. Son évolution est rythmée par des phases d’itération des machines ou des procédés (dénommées en interne Version 1, V2, V3 et V4) qui sont de longues période de travail en collectif où les différents membres expérimentent, recherchent et documentent ensemble.

Le constat de Precious Plastic après 6 années d’existence et de développement est qu’il faut outiller la communauté internationale pour permettre aux acteurs et entrepreneurs de vivre de l’activité du recyclage (artisanal?), de créer des “business” pour permettre l’émergence d’une filière nouvelle du recyclage et de sensibiliser à une société moins consommatrice du plastique (ou mieux utilisatrice). En conséquence, les machines Precious Plastic — plus utiles jusqu’alors pour de la démonstration et de la sensibilisation — doivent être améliorées et agrandies pour permettre une petite production tout en restant accessibles, robustes, réparables et modulaires. C’est l’objectif de la phase V4 de développement que d’aboutir à l’émergence de ces machines. Mais au-delà de l’aspect technique, la V4 retient notre attention car c’est aussi par la mise en lien de personnes sans contrainte logistique (nourriture, logement, matériel, temps) que cette phase de R&D est inspirante. En 2018 suite au prix reçu par FAMAE, Precious plastic lance un appel international à volontaires pour accueillir aux Pays-bas celles et ceux qui veulent poser leur pierre et participer à la création d’une nouvelle version de machines. Une quarantaine de personnes venues des quatre coins du monde ont collaboré pendant 15 mois au projet (développement de machine, d’outils de partage d’information pour la communauté, logistique, design, communication…). C’est à travers ces expériences de vie et de travail en collectif que les valeurs de la communauté se sont ancrées chez les membres et que l’on parle aujourd’hui d’une “famille Precious Plastic”.


2 - LA COMMUNAUTÉ PRECIOUS PLASTIC #

2.1 Ampleur et diversité de l’écosystème Precious Plastic (en avril 2022)

En mars 2020, soit seulement 2 mois après la sortie de la V4, la communauté Precious Plastic représentait 1083 membres actifs, répartis dans 102 pays. Elle comptabilisait à l’époque pas loin de 400 000 kg de déchets plastiques recyclés par an, pour un marché global annuel de plus de 2,1 millions d’euros. Un revenu moyen de plus 7000 euros par workspace, pour un investissement moyen de 11 000 € par structure.

Aujourd’hui on compte sur la Map de Precious Plastic : plus de 300 ateliers (“workspaces”), une centaine de fabricants de machines (“machine shops”), une cinquantaine de points de collecte (“collection points”), et plus de 80 communautés locales (“community points”).

capture-decran-2022-04-12-a-17.02.04
Cartographie en ligne de la communautés Precious Plastic, en rose les individu·es motivé·es, en vert les groupes locaux, en bleu les ateliers de recyclage du plastique, en rouge les fabricants de machine, et en violet les points de collecte.

2.2 Le concept de “plateforme de communauté”

Si Precious Plastic engage une communauté internationale qui collabore et partage ses expériences sur le recyclage du plastique, c’est avant tout une plateforme en ligne mise à disposition de cette communauté apprenante qui lui permet de se structurer, de partager et de communiquer. On y retrouve :

  • Des outils de documentation comme des tutoriels ou des plans qui se retrouvent dans une banque de connaissances complète, l’Academy, alimentée par la communauté sur les techniques, les machines, les produits…
  • Des outils d’aide à la création de projet comme les kit de démarrage selon le maillon de la chaîne que l’on souhaite devenir (atelier, point de collecte, constructeur de machine, association d’animation de la communauté…) qui incluent simulateur financier et guide pas-à-pas de montage de projet.
  • Des outils de mise en lien et de communication pour la communauté comme la carte, ou la plateforme de discussion Discord.
  • Une place de marché virtuelle pour la vente de produits, machines ou moules nommé le Bazar.

L’ambition d’une filière de recyclage low-tech du plastique, basée sur du partage open-source et portée par une communauté internationale soulève de nombreux enjeux.

Comment une communauté open-source s’anime-t-elle ? A-t-elle la capacité en elle-même de se maintenir dans le temps et dans la dynamique ? Comment faire perdurer les valeurs originelles d’une communauté si large ? Comment impliquer tout le monde dans la philosophie de l’open-source ? “Business” et “open-source” sont-ils antinomiques ? Comment, alors qu’internationale, peut-elle s’adapter à chaque contexte ?

2.3 La structuration de réseaux locaux autonomes

Une première réponse se dessine par l’émergence de communautés plus locales et donc plus spécifiques au sein desquelles les acteurs se mettent en lien pour coopérer et expérimenter à l’échelle de leur territoire. Ainsi, dans l’Ouest de la France nous avons rencontré:

  • Les Recycleurs fous, constructeur de machines et sorte de laboratoire de recherche sur les techniques de recyclage, installé en Vendée
  • Les ateliers Hello Waste (Saint-brieuc) et Rehab (Concarneau) en Bretagne qui produisent des objets et du mobilier en plastique recyclé avec injecteuse et extrudeuse pour le premier et presse à plaque pour Rehab.
  • L’Atelier Commun qui intègre des machines Precious Plastic au sein d’un Fab-Lab et d’une ressourcerie et agit ainsi comme acteur de sensibilisation.

Leur coopération et rencontres régulières les ont amenés aux côtés d’autres acteurs français de la communauté Precious Plastic (comme Utopia ou encore M. et Mme Recyclage) à créer Precious Plastic France pour fédérer les acteurs, accompagner l’écosystème et sensibiliser plus largement sur les enjeux du plastique.


3 - ET AU DELÀ DU PLASTIQUE ? #

A l’échelle mondiale, s’attacher à l’enjeu du plastique, son recyclage, l’émergence d’une filière et la sensibilisation à la fin de l’usage unique a amené la communauté Precious Plastic à s’intéresser au problème de manière systémique. Aussi, la communauté fait partie intégrante d’un mouvement plus large qui vise à sensibiliser et proposer des solutions aux enjeux globaux : One Army. Ce qui se joue derrière les actions de One Army c’est la mise en pratique par le faire d’un idéal de société dont Precious plastic n’est qu’une émanation.

  • Pour repenser notre rapport au déchet et en revoir l’usage et la nécessité (notamment supprimer les emballages à usage unique qui représentent 40% de nos déchets plastique), le projet Beyond Plastic explore les matériaux et techniques alternatives comme la possibilités d’utiliser des déchets alimentaires organiques pour fabriquer, entre autres, des bols, des assiettes et des couverts.
  • Une grande partie de la production de matière plastique est destinée à l’habillement, et une grande partie de la pollution plastique est également dûe aux “micro-plastiques”, notamment libérés lors du lavage de ces vêtements de synthèse. Le projet Fixing Fashion, aborde le secteur du textile en cherchant à démocratiser l’upcycling, le raccommodage et la réparation de vêtement, ainsi que “la mode seconde main” par des tutoriels (de couture) astucieux. Cette initiative exploite pour cela les mêmes types d’outils numériques que le Precious Plastic Universe accompagnant la V4 (tutoriels, cartographie, académie, gestion de communauté, etc.), eux aussi open-source évidemment, et appelés “community platforms”.
  • Ou encore, inspiré des expériences de recherche et développement communautaires expérimentées via Precious Plastic, le projet Project Kamp est en train de voir le jour au Portugal dans le but de prototyper un mode de vie soutenable nouveau et en perpétuelle expérimentation.

Tout ceci s’inscrit dans la même perspective, changer notre regard par l’expérimentation et le commun, pour un avenir plus low-tech.


Un peu de lecture pour aller plus loin #

Vulgarisation autour des enjeux du plastique :

Et quelques documentaires sur le sujet :


Les photos #


L’étude de cas #

Le détail de la documentation technique et socio-économique de cette enquête sur les acteurs de la communauté bretonne Precious Plastic, et sur l’organisation qui la rend possible, sera à retrouver dans l’étude de cas dédiée, qui reste à paraître.


Les (autres) enquêtes #

Contribuez à l’enrichissement des outils collaboratifs

Depuis plusieurs années, la communauté du Low-tech Lab observe et recense les initiatives low-tech : Évènements, base de données et cartographie, ressources documentaires… tout est là.

Cherchez, trouvez mais surtout, contribuez car ces outils sont ouverts à tous !

Nous soutenir

Faire un don

Le Low-tech Lab est une association loi 1901 d’intérêt général. Vous pouvez soutenir ses actions en faisant un don.

Devenir partenaire

Vous souhaitez soutenir activement le Low-tech Lab et ainsi contribuer au mouvement low-tech ?

Nos partenaires