[RAPPORT] Ergonomie et low-tech

Article, Communiqué

Date de publication : 21 avril 2021
Auteur : Low-tech Lab
Lieu : Concarneau

Dans sa mission de faire rayonner les low-tech et la philosophie low-tech, le Low-tech Lab est heureux de se faire le porte-voix de réalisations enrichissantes pour les low-tech.
C’est dans ce cadre que nous diffusons aujourd’hui le travail - bénévole et extrêmement qualitatif - de Clément Colin et Antoine Martin sur l’ergonomie des low-tech.

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Les 10 low-tech étudiées

Antoine est chercheur/consultant en ergonomie et s’intéresse notamment à l’énergie dans l’habitat. Clément est ergonome et doctorant et son travail porte sur l’amélioration des expériences de partage d’objets physiques.

Les low-techs présentent un nouveau défi pour l’ergonomie #

Avant toute chose, précisons d’abord ce qu’est l’ergonomie. L’ergonomie est la discipline qui vise la compréhension des interactions entre les humains et les autres composantes d’un système ainsi que leur amélioration. Les low-techs présentent un nouveau défi pour l’ergonomie : psychologie appliquée à l’utilisation d’objets frugaux, nouveaux indicateurs de la qualité de l’expérience utilisateur, adaptation à l’activité réelle des utilisateurs, identification des comportements (in)désirables etc. Du fait de son histoire, le terrain de l’ergonomie est encore souvent celui des high-techs (voitures connectées, logiciels etc.)

Quel a été le point de départ de votre étude ?

Tout est parti d’une citation de Pierre-Alain Lévêque dans le Hors-Série Socialter consacré aux low-tech :

« Il y a tout un travail à faire autour du design pour rendre plus esthétiques et (surtout) plus ergonomiques ces systèmes qui utilisent souvent des matériaux de récupération ».

Dans l’expérimentation low-tech, il y avait eu une première prise en compte de l’ergonomie.

Comment s’est déroulée l’étude sur ergonomie et low-tech dont les résultats sont diffusés aujourd’hui ?

L’étude a pris la forme d’un questionnaire diffusé au cours des mois de juillet et août 2020 auprès de 400 personnes en majorité très favorables au low-tech et avec une connaissance intermédiaire du sujet. Nous avons collecté leurs représentations sur la démarche low-tech et mesurer leurs attitudes vis-à-vis de 10 low-techs : poêle de masse, garde-manger, chauffage solaire, culture de pleurotes, bélier hydraulique, larves de mouches soldats noires, chauffe-eau solaire, toilettes sèches, hydroponie, lampe solaire.

Quels étaient vos objectifs ?

Ils étaient au nombre de 4 : mesurer les représentations vis-à-vis du low-tech, identifier les technologies les plus prêtes à être diffusées largement, identifier des pistes d’améliorations et enfin, connaître les attentes en termes de modes d’accès.

Quels sont les grands apprentissages de cette étude ?

Il y a d’abord une catégorisation des opinions émises sur la démarche low-tech en 3 thèmes : enjeux du low-tech (transition technique et sociétale), conditions de la transition vers l’âge des low-techs (accessibilité, mise en œuvre au niveau individuel, aspects psychologiques) et technologies à abandonner/adopter.
Ensuite, nous avons identifié trois groupes de low-tech : forte intention d’utilisation (chauffe-eau solaire, toilettes sèches, garde-manger), intention d’utilisation moyenne (chauffage solaire, poêle de masse, lampe solaire, culture de pleurotes), faible intention d’utilisation (hydroponie, bélier hydraulique, larves de mouches).

Nous avons recueilli 700 problèmes toutes low-tech confondues #

L’étude nous a également amené à questionner l’ergonomie au prisme des low-tech, nous détaillons ces questionnements dans une tribune dédiée sur le site du Low-tech Lab.
Enfin, nous avons recueilli 700 problèmes toutes low-tech confondues, classifiés en 15 catégories (ex : problèmes de compatibilité avec l’existant, problèmes de fonctionnalités manquantes, problèmes de fabrication/installation, problèmes de performance, problèmes d’utilisabilité etc.).

Y a-t-il des résultats auxquels vous ne vous attendiez pas ?

Oui, par exemple, une étude plus précise de l’expérience utilisateur perçue de chaque low-tech, selon 4 dimensions (utilité, simplicité, hédonisme, dimension sociale) permet de voir qu’au-delà de l’intention d’utilisation, l’expérience utilisateur perçue est parfois moins positive. Par exemple les toilettes sèches sont la deuxième low-tech la mieux notée en termes d’intention d’utilisation mais seulement la cinquième en termes d’expérience utilisateur perçue. Il convient alors de nuancer une bonne intention d’utilisation qui pourrait ne pas se traduire par une bonne adoption par les utilisateurs.
L’étude révèle également qu’au-delà de l’amélioration de la composante technique des low-techs, les problèmes mentionnés pourraient être levés par des services : assurance, approvisionnement, récolte, entretien etc.

La nécessité de proposer des low-tech différentes pour la ville et la campagne. #

Les résultats montrent aussi la nécessité de proposer des low-tech différentes pour la ville et la campagne.
Enfin, les modes d’accès hors « autonomie » (kit à monter/installer, prêt à installer et installation par un pro) sont les second modes d’accès les plus plébiscités après les modes d’accès en autonomie.

Quelles suite souhaiteriez-vous donner à cette étude ergonomie et low-tech ?

Nous aimerions par exemple que ces informations soient utilisées par des fabricants de low-tech pour améliorer la conception et la diffusion. Les résultats présentés dans ce document aideront le lecteur à identifier les low-techs prêtes à être diffusées, les informations nécessaires à présenter pour chaque low-tech, leurs points d’améliorations et à calibrer de futures études sur l’amélioration ergonomique des low-techs.
Cette étude est un premier pas, elle se consacre à la mesure de la perception des qualités ergonomiques des low-techs. L’ergonomie étant une discipline qui s’attache à décrire le « réel », des études complémentaires sur l’utilisation des low-techs en situation resteront incontournables ; notamment pour dépasser le fossé entre l’attitude déclarée (qui peut être biaisée par la désirabilité sociale des low-techs, par exemple) et le comportement réel.

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