La Convivialité

Livres

Date de parution : 01.06.1973
Auteurs.trices : Ivan Illich
Média / Organisation : Ivan Illich, Seuil
Langue : Français

Payant, Gratuit, Streaming / en ligne

Ivan Illich est un prêtre devenu philosophe, un penseur de l’écologisme et une figure importante de la critique de la société industrielle.

S’il a beaucoup œuvré à l’analyse critique du développement industriel, il s’est aussi attaché à défricher les ressorts d’autres modèles de société possibles, plus justes et plus soutenables.

Ceux-ci reposent selon lui notamment sur l’avènement d‘“outils conviviaux”, qu’il oppose au concept de “machines”. Cet emploi original du terme “convivialité” et du concept d’outil convivial, constitue probablement le travail théorique, technique, philosophique et analytique le plus poussé de son temps — et le fondement le plus solide et profond d’une pensée de la low-tech qui n’ignore pas les courants technocritiques qui l’ont précédée.

Par ailleurs Illich prend soin de signaler qu’en français « convivialité » a un sens particulier inventé par Brillat-Savarin (celui de “goût des réunions festives et des festins”), utilisable dans un contexte très précis, qui ne peut être confondu avec le contexte également précis où il l’emploie dans son essai (celui d’ensemble des “rapports autonomes et créateurs entre les individus et leurs milieux”).
En effet : cet outil convivial accepte plusieurs utilisations, parfois détournées du sens originel, et permet donc l’expression libre de celui qui l’utilise. Quand l’outil convivial émancipe son utilisateur en lui permettant de retrouver du pouvoir d’agir et de s’épanouir, la machine l’aliène en faisant de lui son serviteur. Il n’a plus pour autre rôle ou destinée que de faire fonctionner la machine qui elle a été construite dans un but précis — et qui sert le plus souvent d’autres intérêts que (seulement) celui de qui l’utilise.

Dans “La convivialité” (1973), Ivan Illich écrit : « J’appelle société conviviale une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil. » Les outils conviviaux sont alors les outils maniés (et non manipulés) par ces individus dans cette société. Il définit par ailleurs trois critères indispensables pour qu’un système technique à différentes échelles — de l’instrumentation à l’institution, en passant par l’outil ou la filière — soit considérée comme juste ou conviviale :

  • il ne doit pas dégrader l’autonomie personnelle en se rendant indispensable ;
  • il ne suscite ni esclave, ni maître ;
  • il élargit le rayon d’action personnel.

Ce qui l’amène à penser, au-delà de la technique, une organisation sociale micro et macro-économique cohérente, juste et émancipatrice : « Une politique conviviale s’attacherait d’abord à définir ce qu’il est impossible d’obtenir soi-même quand on bâtit sa maison. En conséquence, elle assumerait à chacun l’accès à un minimum d’espace, d’eau, d’éléments préfabriqués, d’outils conviviaux allant de la perceuse au monte-charge, et, probablement aussi, l’accès à un minimum de crédit ».

C’est aussi dans la Convivialité qu’Ivan Illich théorise pour la première fois clairement ses concepts de “seuil de contre-productivité” et de “monopole radical” : « Lorsqu’une activité outillée dépasse un seuil défini par l’échelle ad hoc, elle se retourne d’abord contre sa fin, puis menace de destruction le corps social tout entier. » Certains de ses autres ouvrages illustrent et complètent cette pensée visionnaire :

  • “Une société sans école” (1971) décrit froidement les dérives de l’école obligatoire et normative (ou sélective) pour tous et toutes,
  • “Énergie et équité” (1975) s’attarde à expliquer les externalités négatives du développement à outrance des réseaux de transport et en particulier des routes et du déplacement en voiture (notamment au travers du concept de “vitesse généralisée”), machine hétéronomisante par excellence,
  • “Nemesis Medical” (1973) pointe du doigt les contreproductivités systémiques qu’amène un système de santé hyper-développé ;

Les différents textes qu’il écrira après ceux-là, s’attaquent quant à eux à des fondements plus profonds encore de la société thermo-industrielle occidentale et “moderne” :

  • “Le Chômage créateur” (1977), considéré comme une “postface à La Convivialité” s’attaque à la question du travail, de la valeur et du temps ;
  • “Le Travail fantôme” (1981) et “Le Genre vernaculaire” (1983) passent du travail et du temps à l’aliénation économique, analysent en particulier la condition de la femme d’une part, et le rapport au milieu et à l’espace de l’autre,- “ABC, l’alphabétisation de l’esprit populaire”, avec Barry Sanders (1990)
    et “Du lisible au visible, la naissance du texte : un commentaire du « Didascalicon » de Hugues de Saint-Victor” (1991) s’intéressent au rôle des écrits et du texte dans la construction de l’aliénation moderne.

Dans sa globalité, l’œuvre d’Illich constitue un corpus essentiel — une sorte de boîte à outils éthiques, analytiques et pratiques — pour penser la technique au XXIème siècle. Sa pensée irrigue littéralement la philosophie low-tech.

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