[NOMADE DES MERS] Du Panama à Cuba
Date de publication : 24 juin 2021
Auteurs : Caroline Pultz
Lieu : La Havane, Cuba
Navigation vers Cuba: soleil et grains(es) #
Les conditions météo ont été impeccables : grand soleil et quelques grains humides. Une traversée couronnée d’une moyenne de 6 nœuds tout du long (l’équivalent de la vitesse d’un coureur à pied) contre 4 malheureux nœuds habituellement. Résultats des courses: nous avons traversé 1300 km depuis le Panama jusqu’à Cuba en 5 jours et demi avec 25 L de diesel pour 2 personnes. Comme un goût de Vendée Globe low-tech pour Nomade des Mers !
Ce périple ne s’est pas arrêté aux grains météo: nous avons profité de cette navigation fantastiquement rapide pour relancer nos cultures de graines germées, mais cette fois avec de nouveaux germoirs. Un plaisir de manger des produits frais en plein milieu de l’océan !
On vous a dégoté LE tube de l’été #
En parlant cuisine, on a un nouveau coup de cœur en ce moment: le tube solaire de Solar Brother en version DIY!
Le principe du concentrateur solaire en tube est le suivant: un réflecteur concentre les rayons du soleil vers un tube à double parois de verre sous-vides (comme dans un thermos). Ce dernier assure une isolation thermique si performante que la température monte jusqu’à 200°C en très peu de temps et sans fumée! Autre avantage: le tube sous vide permet de conserver la chaleur de cuisson même lors de passages nuageux.
Nous avons fabriqué un premier prototype de réflecteur avec du miroir adhésif. Nos premiers essais de cuisson furent une réussite. Légumes grillés, crumble aux pommes et le petit dernier (on en est fier): le plus long gâteau au chocolat jamais réalisé à bord (60 cm !). Un vrai régal.
Cuba, premier arrêt dans le sud #
On ne vous cache pas notre angoisse de se faire refuser plantes, grillons, mouches et spiruline à notre arrivée à Cuba. C’est à Cayo Largo que nous faisons nos papiers d’entrée et fort heureusement, l’agent du ministère de l’agriculture, curieux, nous a juste demandé le nom de toutes les plantes. Quelle chance!
De manière générale, la situation à Cuba est très difficile car s’ajoute à la crise sanitaire une profonde crise économique. Les causes de la mauvaise santé économique cubaine sont multiples et ont mis à mal les tentatives de libéralisation du pays. La pandémie qui limite le tourisme fragilise un peu plus le peuple cubain: le manque de devises étrangères engendre l’augmentation très importante du prix des importations. La suppression de la deuxième monnaie locale, la monnaie touristique (CUC), engendre des prix parfois multipliés par quatre ou cinq depuis le 1er janvier. Coup destructeur pour les locaux.
Il nous est impossible de trouver des aliments frais sans ticket ration fourni par le gouvernement (tickets ration bien insuffisant pour terminer le mois dignement). En observant les rayons des épiceries vides, nous avons décidé d’augmenter la production de spiruline et de plantes dans le système de bioponie à bord.
Navigation direction la Havane #
Cette fois, le Nomade des Mers avance au ralenti. On soupçonne les sargasses de freiner le bateau (ce sont des algues qui envahissent les Caraïbes). Les conditions sont tout de même bonnes pour bricoler et cuisiner un peu: les lampes solaires sont réparées, les lactofermentations relancées et on en profite pour faire de l’espace à bord…
L’équipage s’est agrandi ! #
Pendant ces 7 jours de navigation, notre équipage s’est agrandi avec une explosion de naissances de mouches soldats noires. Le sourire jusqu’aux oreilles, nous avons agrandi la volière, appelée communément “the love cage” dans laquelle les mouches dansent pour s’accoupler et procréer les prochaines générations de larves. Au cœur de notre écosystème, elles dégradent nos déchets organiques de cuisine ainsi que notre compost de toilettes sèches! En quelques jours seulement nous obtenons un compost de qualité et une partie des larves deviennent protéines pour nos grillons. Bonne nouvelle : on dirait bien que leur nouvel habitat leur plait au vu de la quantité monstre d’oeufs!