[NOMADE DES MERS] Cap Vert - Hydroponie, biofiltre et graines germées
Date de publication : 15 juin 2016
Auteur : Pierre-Alain Lévêque, Elaine Le Floch et Corentin de Chatelperron
Localisation : Praia, Cap Vert
Le Cap-Vert #
Le Cap-Vert, qui tient son nom de son abondante végétation au XVe siècle, avant que la sécheresse n’arrive, est un archipel constitué principalement de roche volcanique et qui dispose de très peu d’eau douce. Ce territoire dépend largement de l’extérieur pour sa subsistance : les terres arables ne couvrent que 10% de sa surface et le Cap-Vert importe plus de 80% de ses besoins alimentaires.
Cette escale de 20 jours à Praia, au Cap-Vert, est l’occasion idéale de s’intéreresser aux techniques de culture hors-sol et économes en eau.
De nombreux experts attendent déjà nos nomades :
- Sergio Roque Monteiro : expert hydroponie, précurseur de la technique au Cap Vert.
- Gilbert Duarte : membre de l’INIDA (Instituto Nacional de Investigação e Desenvolvimento Agrário) programme national de recherche sur l’hydroponie.
- Thomas Blangille : notre expert partenaire en France, membre de GHE.
Hydroponie #
Au Cap-Vert, 80% des fruits et légumes sont importés. 90% du territoire est incultivable. En effet, l’archipel est une zone aride, les pluies y sont rares et les terres rocailleuses. Ces contraintes ont amené les agriculteurs à trouver des solutions pour améliorer les cultures : goutte-à-goutte dans un premier temps, puis hydroponie. C’est à ce système que l’équipe de Nomade des Mers s’est intéressée lors de son passage.
Sergio Roque Monteiro, ingénieur agronome brésilien, développe l’hydroponie au Cap-Vert depuis 15 ans. Son objectif prinicpal est de parvenir à une hydroponie « populaire », accessible aux petits producteurs. Expert local de la discipline, il accompagne désormais l’INIDA vers cette culture durable et a apporté à l’équipage son expertise pour optimiser le système embarqué à bord du Nomade des Mers.
L’hydroponie est un système de culture hors-sol de plantes et végétaux qui permet d’économiser de l’eau par rapport à la culture en terre. Les racines sont plongées dans un substrat neutre et inerte (type billes d’argile, sable…) qui sert de support. Elles captent directement les nutriments nécessaires à leur croissance dans l’eau enrichie par une solution nutritive. Ce système est pertinent dans les milieux où la surface cultivable est limitée ou polluée.
La culture en sol reste à privilégier lorsqu’elle est possible, toutefois, l’hydroponie permet de répondre parfaitement aux besoins des populations dans les régions arides où les terres fertiles et l’eau se font rares et dans les milieux où la surface cultivable est limitée ou polluée. Dans les villes et zones urbaines, où peu d’espaces sont disponibles à la culture en terre, elle convient particulièrement à la culture dans des espaces restreints (toits d’immeubles, appartements, usine désaffectée…). Pouvant être développée de manière verticale, l’hydroponie permet également d’obtenir une production au mètre carré bien supérieure à l’agriculture en terre, tout en permettant un retour à la culture chez les citadins, souvent déconnectés de la nature. Point d’attention toutefois, l’hydroponie peut s’avérer coûteuse et peu écologique si elle est mise en place sous serre avec éclairage artificiel et chauffage ou avec des intrants chimiques.
Graines germées #
L’escale au Cap-Vert a aussi été l’occasion de se documenter sur les jeunes pousses et graines germées qui constituent à présent une part importante de l’alimentation de l’équipage de Nomade des Mer.
Un germe ou une pousse est une céréale ou un légume sec que l’on fait tremper pour en ramollir la peau (le tégument) et laisser germer. Les germes et les pousses sont particulièrement nutritifs car ils contiennent la plus haute teneur en énergie que peut produire une plante au cours de son cycle de vie. Avec très peu d’eau, ces jeunes pousses et germes poussent seulement en quelques jours pour accompagner un plat ou même composer une salade.
Plus les graines seront exposées à la lumière, plus elles mettront du temps à germer. Les bocaux seront maintenus inclinés, ouverture en bas, pour permettre l’écoulement résiduel de l’eau. Des bocaux ou plateaux trop chargés risquent de voir les graines moisir. Par ailleurs, les germes qui ne deviennent pas verts en fin de germination sont aussi nutritifs que les autres, ils ne contiennent simplement pas de chlorophylle. Enfin, toutes les graines germées ne sont pas comestibles : les graines de tomate, aubergine, poivron et rhubarbe sont toxiques.