[MISSION BIOSPHERE] Semaine 11

Carnet de bord

Le 20 février 2018, Nomade des Mers a lancé la phase 2 de son exploration low-tech : La Mission Biosphère, ou 4 mois en autonomie grâce aux low-tech. Chaque semaine, Corentin nous partage son journal de bord.

JOUR 67
Avec Laurent, nous filmons les voisins aquaculteurs. Le père s’en occupe avec Suleman, celui de ses 3 enfants qui est devenu pêcheur. Ils exploitent une plateforme d’environ 6m sur 12 faite de blocs de polystyrène, bambous et poutres en bois. Elle est divisée en 12 carrés de 3m par 3. Dans chacun de ces carrés un filet plonge dans l’eau à une profondeur de 50cm pour que les poissons ne s’échappent pas et un autre filet est tendu au dessus de la surface pour que les oiseaux ne puissent pas les attaquer.

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Ils nous montrent leurs poissons. Ils seront vendus au Japon. Pour les élever, cela leur demande environ 1h quotidiennement. Ils viennent chaque jour en bateau depuis LaemSak, pour leur donner à manger de petits poissons. De temps en temps, ils nettoient les filets qui se recouvrent d’algues, coquillages, étoiles de mer… Ils doivent frapper les coquillages avec un baton pour les arracher des mailles. Une autre opération consiste à répartir les poissons d’un filet à l’autre au fur et à mesure qu’ils grandissent. Je les ai aidés quelques fois pour cette opération qui demande à relever le lourd filet du fond afin que le père puisse les attraper avec une épuisette. Les poissons se débattent et nous éclaboussent. Laurent les filme puis ils nous offrent un café. Je prends une eau chaude. L’ambiance est bonne.

JOUR 68
Nous filmons à nouveau la routine du matin. Nous passons une partie de l’après midi à prendre en photo les illustrations de mes carnets pour le livre qu’Arte publiera en parallèle de la diffusion de la série Nomade des Mers, les escales de l’innovation.

JOUR 69
Tôt le matin, on monte sur le paddle pour aller filmer le lever de soleil depuis la plage. Le ciel est nuageux.
Nous filmons un bilan des 2 mois de la Mission Biosphère. J’explique le fonctionnement de la matrice. Préparation d’une cachupa, puis départ de Laurent en fin de matinée.
Après-midi dédiée au rangement de la plateforme. Je pressens que la deuxième moitié de l’expérience va passer extrêmement rapidement. Je suis content du passage de Laurent. C’était un bon moment et je suis sûr que le film va être super. Je suis boosté à bloc pour la suite. Je dresse une to do list ambitieuse pour la semaine.

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Depuis une semaine, le ciel est beaucoup plus nuageux. Les panneaux ne fournissent pas beaucoup d’énergie. Il va falloir mettre en place le pédalier générateur d’électricité rapidement.
Mun passe sur la plateforme pour m’apporter mon colis. Je l’ai commandé sur internet il y a 10 jours : 2 petites pompes d’aquarium et des composant électroniques pour mes prochains tests de production d’électricité.

JOUR 70
J’ai résolu le problème des boutons qui étaient apparus sur ma peau. Il suffit de me rincer à l’eau douce le soir. L’eau de mer est chargée de particules. Surement à cause de l’aquaculture et du fait que nous sommes proches de l’embouchure d’une mangrove, le courant est important.
Les jours nuageux ont déclenché une pousse exceptionnelle de champignons.
J’en clone un nouveau. Les autres clones se développent très bien. Dans l’un des pots, il y a même un morceau de pleurotte qui a poussé. il ne faudra pas tarder à procéder à l’étape suivante.
Fabrication de la deuxième BigBox pour les grillons. Elle a les mêmes dimensions que la première (1,25m 0,85m 0,85m) et est faite de bâches plastique transparentes et de tasseaux de bois. Mais cette fois, les montants sont extérieurs à la bâche. Dans BigBox1, ils se coincent entre ces montants et la bâche.
Image for post
Installation de la station météo. Je la fixe sur un piquet en bois solide trouvé sur la plage. J’attache la base de ce piquet sur la serre afin que la station soit environ 1m au dessus. Elle ne subira pas les perturbations de vent dues à la serre. Par contre, comme la plateforme bouge sans cesse sur un angle d’environ 20 degrés, je ne peux pas l’orienter exactement au Nord.

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JOUR 71
Installation de la nouvelle BigBox sous la nursery, à côté de la première. J’ai donc déplacé les biofiltres et les champignons sous l’hydroponie XXL. J’ai installé une jupe d’ombrage (90%) sur le tour de la table. Il devrait y faire suffisamment frais pour les champignons et les bactéries.
Les bébés grillons sont peu nombreux. Je continue à mettre des nids dans la SB1 pour que leurs parents puissent pondre davantage.

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J’ai escaladé la façade nord-est de l’île. Je cherchais à atteindre une plateforme que j’étais curieux de découvrir. Je n’ai pas réussi à l’atteindre, mais j’ai tout de même découvert de belles petites grottes. Certains volumes de roches sont creux. Elles sont sans doute juste constituées d’une pellicule de calcaire.
Je remarque que les biofiltres primaires ont un Ec qui diminue. Il est à 1,8 alors qu’il y a quelques semaines, il était à 3. Le fait de ne donner plus que 150ml tous les 3 jours fait baisser progressivement la concentration de nutriments. Je ne m’attendais pas à une inertie si forte. J’ai stoppé les apports de fientes et excréments le jour 27. Il y a 44 jours.
Je décide d’augmenter l’apport d’urine de 150 à 200. Il faudra que je teste à nouveau les taux de nitrates et d’ammoniac.
L’Ec du bac de l’hydroponie XXL diminue. Avec les nuages de ces derniers jours, il y a moins d’évaporation, je peux donc lire la vraie consommation des plantes. En effet, les jours de beau temps, l’eau qui s’évapore concentre les nutriments de la solution. C’est agréable de constater que les plantes mangent les nutriments.
Bonne croissance, surtout des amarantes et des morning glory. Quelques choux chinois se développent mais je n’arrive pas à me défaire des araignées rouges envahissantes. Il y a aussi de petites chenilles transparentes. Elles font des trous dans les feuilles d’amarante.

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Les récoltes de la Biosphère , les chenilles transparentes et la menthe — Mai 2018 — © Gold of Bengal
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Les récoltes de la Biosphère , les chenilles transparentes et la menthe — Mai 2018 — © Gold of Bengal
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Les récoltes de la Biosphère , les chenilles transparentes et la menthe — Mai 2018 — © Gold of Bengal

Les patates vont mal, ainsi que les arachides. Je sens la partie perdue. La menthe, elle, prolifère.

JOUR 72
Après ce passage de jours nuageux, j’ai décidé de mettre en priorité l’installation du pédalier génératrice. Objectif : le brancher sur la boite arduino afin que les jours sans soleil, je puisse pédaler 5 minutes par heure pour alimenter la Biosphère (bulleur de la spiruline, bulleur des biofiltres, pompe de l’hydroponie, powerbank pour recharge téléphone et lumière, batterie de la minuterie.).
Je ressors le pédalier de l’espace de stockage. Il a été conçu par un bureau d’étude de Schneider Electric à qui nous avions lancé un challenge low-tech.

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Le pédalier générateur conçu par les équipes de Schneider Electric Grenoble — Février 2018 — © Gold of Bengal

Première étape : refit de quelques powerbanks dont les soudures ont laché. un peu de soudure.
Deuxième étape : je branche le pédalier à un pont de diode afin de transformer le courant alternatif en continu. Je branche ensuite un module DC/DC step down réglé à 12V. En sortie, je plug un convertisseur allume-cigare/USB. Premier test réussi : quand je pédale, le téléphone se recharge.
Je suis allé récupérer du corail sur la plage. Je vais le réduire en poudre. il est constitué de carbonate de calcium. Les futurs champignons vont en avoir besoin pour grandir.

JOUR 73
J’ai branché le pédalier au pont de diode pour redresser le courant, puis au module DC/DC step down réglé à 12V. En sortie de ce module j’ai relié les fils à la minuterie arduino à la place des panneaux solaires qui alimentent les 2 bulleurs. J’ai pédalé. Rien. J’ai pédalé plus fort. Rien. Après check, je me rends compte que le module a grillé. Peut-être que j’ai pédalé trop fort. Peut être que ça marchait, mais le bruit du bulleur était couvert par le bruit du pédalier ? Peut-être que le composant n’était pas suffisamment puissant. Nouvel essai sans ce module, en direct. inconvénient : je dois réguler moi même la vitesse de pédalage pour ne pas dépasser 15V. sinon je risque de griller d’autres composants. Je branche le voltmetre pour afficher le voltage. J’apporte un pichet d’eau avec un bulleur pour vérifier qu’il se met en route. Je pédale. Le bulleur se met en route. ça fonctionne. pour rester entre 12 et 15V il suffit de pédaler à vitesse moyenne. Parfait.

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Etape suivante : je branche le pédalier à un interrupteur qui mets en dérivation tous les panneaux solaires. Test. ça marche !
Quand il y aura des nuages, il suffira que je bascule l’interrupteur sur le mode pédalier et que je pédale. Cela alimentera les 2 bulleurs, la pompe, la powerbank et la minuterie.
Je prépare une lampe LED pour m’éclairer le soir et le matin. Je la branche sur la powerbank PWRBK1 qui est alimentée par la minuterie. Elle se décharge en 2h30. Soit une capacité de 3Ah (2,5h7W/5V). Il faudra faire d’autres tests pour valider ce chiffre.
A partir de maintenant, je vais essayer de n’utiliser que cette powerbank pour m’éclairer et recharger mon portable.
Je fais une nouvelle commande via Amazon, pour avoir un plan B au cas où mon chargeur d’ordinateur lacherait. J’en profite pour commander d’autres modules qui m’aideront dans les prochains tests.
Je réduis en poudre les coraux ramassés hier grâce au mortier. Je laisse tremper la sciure de bois mélangée à cette poudre pour 24h. Demain, je les stériliserai avant d’inoculer le mycélium.
Les dernières barquettes sont beaucoup moins grandes que les premières. Je ne devrais peut-être pas recycler le substrat, mais utiliser de la nouvelle fibre de coco comme pour les premières ou bien rincer puis stériliser le substrat pour le recycler.

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Suite à la production importante de pleurotes, je décide de préparer un bocal de lactofermentation. C’est la seule technique de conservation qui améliore les propriétés nutritives des aliments. Il suffit de couper les pleurotes en morceaux, les tasser dans un bocal, remplir d’eau salée (10g de sel pour 1kg de légumes) puis fermer hermétiquement. C’est très simple et rapide. Je pourrai commencer à les consommer dans 3 semaines.
Les voisins sont musulmans. Le vendredi, ils me demandent de surveiller leur maison pendant qu’ils vont à la prière. Parfois aussi, d’autres jours de la semaine quand ils partent tous à la ville. Ce service de gardiennage et mes coups de mains aux autres voisins me font plaisir, je suis content d’avoir pris une place dans la vie de la baie.

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